L’Alliance des États du Sahel (AES) est une fédération pour la sécurité des Etats en proie au terrorisme, abritant un potentiel économique et humain considérable. Cependant, un obstacle persiste sur la voie de son émancipation politique, économique et sociale: le Franc CFA.
Cette monnaie commune utilisée par plusieurs pays de la région depuis des décennies continue de freiner leur développement et de maintenir leur dépendance vis-à-vis de la France. Dans cet article, nous examinerons pourquoi le Franc CFA représente la dernière entrave à couper pour que les États de l’Alliance des États du Sahel puissent pleinement réaliser leur potentiel.
Le Franc CFA trouve ses racines dans l’héritage colonial de la France en Afrique. Institué en 1945, ce système monétaire a été conçu pour maintenir un lien économique étroit entre la France et ses anciennes colonies africaines. Le Franc CFA est contrôlé par le Trésor français, et les États de l’Alliance des États du Sahel sont contraints de déposer une grande partie de leurs réserves de change en France. Cette dépendance économique perpétue un rapport néocolonial préjudiciable, où les décisions économiques et monétaires importantes sont prises à Paris plutôt qu’à Bamako, Ouagadougou, ou Niamey.
L’une des principales conséquences du Franc CFA est le manque d’autonomie monétaire dont souffrent les États membres de l’Alliance des États du Sahel. Ils ne peuvent pas décider de leurs propres politiques monétaire, d’imprimer leur propre monnaie ou de dévaluer leur devise pour stimuler leurs économies. Cette absence d’autonomie limite leur capacité à réagir aux chocs économiques, à promouvoir la croissance et à créer des emplois pour leur population.
Le Franc CFA est lié à l’Euro, ce qui a des répercussions sur les échanges internationaux. Les États membres de l’Alliance des États du Sahel sont confrontés à des contraintes commerciales, car le taux de change fixe avec l’Euro peut les rendre moins compétitifs sur le marché international. Cela entrave leurs efforts pour diversifier leurs économies et tirer pleinement parti de leurs ressources naturelles.
Pour que les États de l’Alliance des États du Sahel puissent véritablement s’émanciper, il est essentiel de mettre fin à la dépendance au Franc CFA. Ils devraient envisager de créer leur propre monnaie indépendante, ce qui leur permettrait de contrôler leur politique monétaire, de gérer leurs réserves de change et de stimuler leurs économies en fonction de leurs besoins. Cette étape serait cruciale pour promouvoir le développement économique, l’autosuffisance et la souveraineté politique.
Le Franc CFA est incontestablement un obstacle à l’émancipation politique, économique et sociale des États de l’Alliance des États du Sahel. En rompant les liens économiques contraignants avec la France, en reprenant le contrôle de leur politique monétaire et en adoptant une monnaie indépendante, ces pays peuvent réaliser leur potentiel et prospérer de manière autonome.
La suppression du Franc CFA est la dernière entrave à couper pour permettre à la région du Sahel de prendre son destin en main, de créer des opportunités pour sa population et de jouer un rôle significatif sur la scène internationale. Il est temps que les États membres de l’Alliance des États du Sahel prennent des mesures audacieuses pour forger leur propre avenir économique et politique en mettant fin définitivement au FCFA.
Wangnin ZERBO, journaliste
